IREZUMI
Un peu d'histoire
Un grand classique de la littérature et un grand artiste
Lorsqu'en 1827 on demanda à Utagawa Kuniyoshi d'illustrer le très populaire roman chinois du XVIè siècle “Au bord de l’eau”, en 1827, il ajouta un détail totalement inédit à ses estampes représentant les 108 héros. Il se saisit des quelques références à de petits tatouages dans le roman et dilata cette idée jusqu'à en décorer entièrement les bras et les corps de quinze de ces bandits, de pièces aussi étendues que colorées. Cette représentation spectaculaire de hors-la-loi virils recouverts de tatouages remporta un succès phénoménal. Ce genre de tatouage sur la quasi-totalité du corps se pratiquait déjà dans les bas-fonds, mais les gravures de kuniyoshi déclenchèrent une vague de réactions. Inspirés par ces belliqueux justiciers si charismatique. Les gens ressentirent soudain l’envie de porter ces tatouages. Cette richesse iconographique, combinée aux nombreux graveurs de planches d’impression en bois utilisées pour l’ukiyo-e qui pouvaient très facilement modifier leurs outils pour les transformer en instruments de tatouage “tebori”, c'est ainsi que se forma le terreau d’un des styles de tatouage les plus complexes et sophistiqués au monde.
Les débuts d'une œuvre maîtresse
Le « monde flottant » d'Edo, avec ses théâtres et ses quartiers chauds, ne tarda pas à baigner dans ces estampes et celles qu'elles inspirèrent à d'autres artistes : cette iconographie gagna le populaire théâtre du kabuki, puis les corps des marchands les plus prospères, des jeunes urbains modernes, des geishas, des artisans et plus tard, pendant l’ère Meiji (1868-1912), des touristes occidentaux bien nés comme le futur roi George V d’Angleterre et le futur dernier tsar de Russie, Nicolas II. Presque deux siècles plus tard, le style et les thèmes développés par Kuniyoshi et l’ukiyo-e en général occupent toujours une place prépondérante dans le canon iconographique utilisé pour le tatouage intégral japonais traditionnel appelé irezumi.

